par René Goyette pour Basta communication
Conférencière, coach, guide spirituelle, humaniste, globe-trotter, Marie-Claude Lépine traverse la vie en bouleversant les conventions et les préjugés. Bien ancrée au sol même si elle le touche par les grandes roues de son fauteuil roulant, cette femme singulière fonce et ne laisse personne indifférent. Elle est un vent fort sur la mer de nos fragilités.
Première victoire
Atteinte d’une maladie dégénérative depuis l’âge d’un an et demi, elle bouscule ses alentours depuis maintenant quarante ans. C’est déjà miraculeux, car la médecine ne lui avait accordé que 15 ans d’espérance de vie. «Très jeune, explique-t-elle, je me suis donnée pour mission de voir ce que je peux faire dans ma condition au lieu de me concentrer sur ce que je ne peux pas faire. J’ai donc décidé de transformer ma fragilité en force.» Et c’est ce qu’elle fit. Par exemple, à la polyvalente Armand-Corbeil de Terrebonne il n’y avait pas d’ascenseur, les personnes à mobilité réduite devaient se faire transporter d’un étage à l’autre. Marie-Claude décide d’en faire son combat. La direction n’acceptant pas d’accéder à sa demande, elle écrit au ministre de l’Éducation Claude Ryan. Par chance, le ministre Ryan fait une visite à l’école et elle lui parle de son problème. En peu de temps, on dote l’institution d’un ascenseur. C’est sa première victoire. Mais elle n’en reste pas là.
Faciliter la vie
Après ses études en psychologie et en informatique, elle déménage à Repentigny où elle endosse la planification de 10 logements adaptés. Après de dures démarches, elle réussit à faire accepter le projet et décroche même des salaires récurrents pour les préposés qui s’occupent des personnes handicapées qui y habitent. Son engagement comme porte-parole y fit toute la différence; les médias en parlent comme d’un projet mené avec une poigne exceptionnelle.
L’importance des rêves
Sa détermination et sa persévérance étonnent tellement, qu’on lui demande de faire des conférences dans les écoles. Elle y raconte son quotidien en fauteuil roulant et elle récolte une grande attention de la part des jeunes du secondaire qui en ressortent impressionnés par tout ce qu’elle peut faire de sa vie même dans sa condition plutôt difficile. Les enseignants sont étonnés de voir leurs élèves si captivés: «Je leur explique l’importance d’avoir des rêves et de savoir allier les forces de ceux qui nous entourent, dit-elle. Je témoigne du fait que le regard qu’on porte sur soi est primordial; l’estime de soi et la transformation de nos fragilités en force décuplent notre puissance. Il faut savoir s’ouvrir aux autres et croire en demain.»
Rouler sur la planète
Adolescente, Marie-Claude rêvait de visiter le monde. Elle fait son premier voyage à Vancouver. Puis un autre où elle accompagne un ami en Guadeloupe. Plus tard, alors qu’elle réside à Durham-Sud, en Estrie, elle décide de partir pour le Nicaragua avec deux amis, son sac au dos et son fauteuil pliable. «Ce voyage fut vraiment spécial, j’y ai découvert qu’avec l’aide des autres, rien n’est impossible. Les gens là-bas sont très débrouillards de sorte que mes déplacements se sont toujours bien passés. Mon fauteuil n’a jamais été un problème; les chauffeurs d’autobus et de taxis s’ingéniaient pour trouver une place pour me caser. »
De slam en coach
Vers l’année 2009, la femme d’action devient slameuse. Sa première prestation à Lanaudière lui vaut une place en demi-finale. Un an plus tard, elle slame au Tremplin, à Sherbrooke, où elle rencontre le slameur David Goudreault qui deviendra son ami et pour qui elle deviendra coach. Elle l’accompagnera ensuite à Paris ou ce dernier deviendra champion mondial de slam. Ensemble ils iront de la France à l’Allemagne en passant par la Belgique.
Communiquer une vision
Aujourd’hui, habitant Sherbrooke depuis trois années, cette fille pas ordinaire a pris les moyens pour élaborer ses conférences. Elle suit des cours en communications et avec l’aide de l’organisme Pro-Gestion, elle établit un plan d’affaires. L’organisme lui procure une formation en affaires, en démarrage d’entreprise et l’aide au niveau de la promotion de ses projets. C’est finalement le programme fédéral Sphère Québec qui par son aide aux personnes handicapées l’aiguille vers Trav-Action. Elle reçoit une subvention pour entreprendre des conférences grand public: «Dans mes nouvelles présentations, je tiens à sortir du fait que je suis en fauteuil roulant. Je confie aux gens l’importance de trouver une nouvelle façon de voir la vie. Je les incite à concrétiser leurs convictions. Je crois qu’ainsi les gens appliqueront ma vision à leurs propres fragilités. Ils découvriront que nos faiblesses peuvent devenir nos forces et que les personnes ayant un handicap peuvent devenir de très bons entrepreneurs.» Elle espère transmettre sa communication à des entrepreneurs, des écoliers, des preneurs de décisions, des gens vivant des conditions difficiles, des détenus, des personnes en centre de désintoxication ainsi qu’à monsieur et madame Tout-le-Monde.
Un environnement prometteur
S’étant entourée de professionnels, Marie-Claude s’est dotée d’une image de marque et d’un magnifique site Web: «La firme Basta communication m’a créé une signature, un site charmant et fonctionnel. Je bénéficie également des services experts d’Arnaud Gendreau, cameraman et technicien en audiovisuel.» Tout s’annonce bien pour la communicatrice. Elle a maintenant tous les moyens pour transmettre sa sérénité, sa sensibilité son humanisme et sa grande sagesse: «On est tous capables de faire des choses, affirme-t-elle, ce qu’il faut c’est savoir avoir la vision qui va nous porter loin.»
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